Paysage du site photographié en hauteur des falaises ouest

Située dans la partie basse du périmètre du site d’environ 250 hectares, la Combe de l’Ermitage (Villes-sur-Auzon, Vaucluse) se distingue par ses paysages de falaises calcaires et de chênaies, sur un dénivelé de près de 570 m (de 320 à 890 m d’altitude). Ce secteur accueille un écocomplexe remarquable accueillant une biodiversité riche et variée, avec des espèces végétales et animales adaptées à ces milieux spécifiques.

Mon rôle dans cette étude était de préparer les méthodologies d'inventaires exhaustifs de la biodiversité et réaliser la campagne de terrain sur tous les groupes taxonomiques (mammifères dont chiroptères, lépidoptères, orthoptères, odonates, amphibiens, reptiles, oiseaux nocturnes et micro-habitats fonctionnels) à l'exception de la flore et des oiseaux diurnes, que des collègues spécialistes réalisaient à ma place.

Contexte et problématique

Dans le cadre du projet de création d’une Réserve Naturelle Régionale (RNR), porté par le Parc naturel régional du Mont Ventoux, la Combe de l’Ermitage a fait l’objet d’un inventaire biologique pluri-taxonomique. Ce site, remarquable par son état de conservation et sa diversité d’habitats, se distingue par un relief escarpé et un accès difficile, conditions qui ont permis le maintien d’une biodiversité exceptionnelle.

L’enjeu principal était de disposer d’un état des lieux à la fois exhaustif et qualitatif, afin d’objectiver la richesse écologique du secteur et de documenter précisément les enjeux patrimoniaux en vue de la future protection réglementaire.

Méthodologies

Pour répondre à ces objectifs, des protocoles adaptés à chaque groupe taxonomique ont été déployés, alliant rigueur scientifique et adaptation aux contraintes du terrain.

• Insectes : inventaires réalisés par battage, fauchage, recherche active, avec une attention particulière à la phénologie des espèces patrimoniales citées dans la bibliographie.
• Mammifères terrestres : combinaisons de relevés d’indices de présence, pose de pièges photographiques et étude fine des traces comportementales (marquages, restes, etc.).
• Chauves-souris : prospections ciblées autour des falaises avec micro en canopée et à mi-hauteur des parois rocheuses, inventaires bioacoustiques actives et identification des gîtes dans les cavités naturelles, valorisant la singularité des habitats rupestres et des micro-habitats arboricoles.
• Reptiles et amphibiens : prospections actives, relevés visuels et audits sonores sur les différents micro-habitats favorables identifiés.

L’ensemble de la démarche s’est caractérisé par une exigence méthodologique forte, chaque protocole étant adapté aux milieux spécifiques du site, afin d’assurer la robustesse et la pertinence des résultats obtenus. En fonction des résultats préliminaires et des découvertes bibliographiques, les méthodologies sont affinées en continu pour permettre de s'adapter au mieux au contexte local et à ses difficultés.

Bien que non demandés initialement pour cette prestation, les petits mammifères et les hétérocères nocturnes ont aussi fait l'objet d'inventaires simples et opportunistes (piegeage lumineux ponctuel et analyses ostéologiques), afin d'aggrémenter les connaissances sur la biodiversité du secteur.

Résultats et retombées

Cet inventaire a permis d’établir un état des lieux exhaustif de la faune locale :

• Une diversité remarquable d’insectes, dont une importante population de Proserpine (Zerynthia rumina) découverte grâce à des stations d'Aristoloche pistoloche dense (Aristolochia pistolochia) et la découverte d’une population significative de Magicienne dentelée (Saga pedo) sur les plaines sèches du secteur, en bordure de route.
• Une étude poussée sur la phénologie comportementale de la Genette commune (Genetta genetta), indiquant une fidélité remarquable au site.
• La nidification confirmée d’une famille de Hibou Grand-duc (Bubo bubo) sur les falaises du site.
• Une activité riche et intense de nombreuses espèces de chauves-souris dont le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) et la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), toutes les deux à très fort enjeu en région PACA.
• Une diversité incroyable de micro-habitats arboricoles et rupestres favorables à l'épanouissement de la biodiversité locale.
• Une faune patrimoniale très riche et diversifiée, à l'image de la complexité remarquable de l'écosystème des Combes de l'Ermitage et des Escampeaux

L’ensemble du travail a été salué pour sa qualité scientifique : la DDT a félicité l’équipe pour le caractère exemplaire et approfondi de l’étude, qui offre désormais aux gestionnaires une base solide pour la proposition de classement du site et la définition de mesures de gestion ciblées.

De haut en bas et de gauche à droite : Proserpine, Magicienne dentelée, Genette commune et face d'une falaise riche en cavités