bocage antonins

Prise photographique aérienne de la réserve

Contexte et problématique

Jusqu’à récemment, les connaissances sur les petits mammifères de la Réserve Naturelle Régionale du Bocage des Antonins (Saint-Marc-la-Lande, Deux-Sèvres) étaient très lacunaires, malgré la diversité d’habitats présents et la richesse écologique reconnue du site. Ce manque d’information était d’autant plus problématique que la réserve comporte de nombreuses zones humides, présentant un fort potentiel d’accueil pour des espèces à enjeux, comme le Campagnol amphibie. Il devenait donc essentiel d’améliorer l’état des connaissances sur la biodiversité locale à travers un inventaire spécifique, afin de renforcer la prise en compte de ce groupe dans les mesures de gestion et la valorisation patrimoniale de la RNR.

Méthodologie

L’étude s’est appuyée sur la capture temporaire non-létale, en veillant à limiter au maximum le stress et les risques pour les individus.
  • Pose de 30 pièges non armés dans des habitats variés (lisières, boisements, haies, prairies humides, bords d’étangs), suivie d’une phase de pré-appâtage stratégique (7 jours avant la session) pour habituer les individus aux dispositifs lors de leur phase exploratoire. Les pièges étaient composés de 24 tubes couloirs avec dortoir (type INRA) et 6 pièges grillagés (type souricière).
  • Recette d’appât personnalisée mêlant cerneaux de noix, pomme, carotte, vers de farine et boulette odorante à base de sardine + farine T45, optimisée selon la cible (rongeurs/insectivores). Tous les produits de consommation utilisés sont certifiés "Bio".
  • Armement des pièges une heure avant le début de la session, puis tours de contrôle toutes les heures, au moins trois passages par nuit, pour garantir un temps d’attente minimal des individus.
  • Manipulation précautionneuse pour des mesures biométriques complètes avec marquage individuel (légère tonsure du pelage) avant le relâché systématique sur site pour un suivi rigoureux de chaque manipulation.
  • Saisie des données standardisée pour une analyse détaillée et exploitable à long terme.

L’ensemble du protocole visait à combiner efficacité d’échantillonnage et bien-être animal, tout en s’adaptant finement aux spécificités écologiques du bocage et des milieux humides.

pieges tube

Tube couloir avec dortoir (à gauche) et piège grillagé (à droite). Les deux pièges sont non-armés.

Résultats et retombées

Cet inventaire a permis de mettre en évidence la présence de 14 espèces de petits mammifères sur la réserve, soit plus de la moitié des espèces départementales. L’étude a notamment abouti à la découverte, confirmée par les pairs, du Mulot à collier (Apodemus flavicollis), espèce jusqu’alors non recensée localement et mentionnée officiellement pour la première fois dans le département.

La diversité observée inclut aussi plusieurs espèces protégées, dont le Hérisson d’Europe, le Muscardin et l’Écureuil roux.

Aucune mortalité ni traumatisme n’a été observé lors des captures, soulignant l’efficacité et l’éthique du protocole mis en œuvre.

Ces résultats renforcent l’importance du site pour la conservation des petits mammifères et alimentent la réflexion sur la gestion des zones humides et des habitats bocagers à haute valeur écologique.